En souvenir de Cherif Bellamine

Peu de dirigeants furent à l’œuvre dans autant de sections de notre association que lui. Ce jour marque le triste anniversaire de la disparition de Cherif Bellamine, qui assura plus de mandats que quiconque à la présidence du Club Africain.

Il eût l’infortune de devoir les assurer tous les quatre dans l’environnement le plus hostile au Club dans lequel un président ait eu à évoluer, devant quasiment affronter une autorité politique ouvertement hostile – et n’étant pas toujours assuré de bénéficier du soutien interne permettant de diriger le CA sereinement.

Jamais il ne baissa le regard, interpellant les médias en direct, affrontant – physiquement parfois – la foule comme les représentants de la tutelle sans une hésitation. Pas plus qu’il n’hésita, même malade, lorsqu’il fallut répondre à l’appel du devoir et que personne ne voulait ou ne pouvait présider notre association. Comme le disait cet ingénieur agronome, « je ne crains personne, je suis agriculteur, je ne dois qu’à Dieu de m’envoyer ou non de la pluie ».

Le fils de Abdelhamid Bellamine, le dirigeant qui relança l’équipe du Club Africain au début des années 1930, eût parfois un rapport compliqué avec le public. Il fut pourtant derrière les premiers succès clubistes en handball, ami des joueurs avant d’en être le dirigeant.

Puis il fut à la tête de la section de volleyball lorsqu’elle conquit ses premiers titres, et fit ses premiers pas sur la scène africaine. Et enfin il présidait celle de football lorsqu’elle effectua sa saison la plus accomplie de toute.

Sous son égide comme président du Club Africain, notre association organisa – entre autres – la Coupe d’Afrique des champions de volley, celle des vainqueurs de coupe de handball, et en football, la Coupe arabe des champions, la Coupe Afro-Asiatique et la Supercoupe arabe. Hormis le vol qualifié de cette dernière, ce furent autant de succès – certains le laissant ému aux larmes.

Car Cherif Bellamine savait tirer le maximum du parfois peu de ressources dont il disposait. Au cours du demi-siècle durant lequel il fut dirigeant du Club et que seule la mort interrompit, il y accomplit toutes les tâches qu’il pouvait avoir à y faire. Accompagnateur, délégué, Secrétaire Général, vice-président, membre du Comité des Sages, seule la fonction de Trésorier ne lui incomba pas.

Et il œuvra pour la boxe, la natation et l’athlétisme en plus des sections mentionnées plus haut. Si Cherif ne rechigna pas plus à préparer citrons et oranges pour ses joueurs ou à récolter des fournitures pour les jeunes scolarisés au sein du Centre de Formation (inauguré sous son troisième mandat), qu’à négocier les contrats avec joueurs ou fournisseurs.

Il eût à affronter ce grand basculement que fut le passage au professionnalisme du football tunisien, et des cas souvent délicats de renouvellement – mais on lui fit plus aisément reproche du départ de vedettes capricieuses et vieillissantes ou de quelques ratés de recrutement, que de ses succès comme les venues de Dramane ou de Zgaw. Et on ne tint jamais compte de la modestie des soutiens internes dont il bénéficia, à fortiori face à une tutelle ouvertement partisane.

Et les faits sont têtus : malgré ses erreurs, toutes les sections du Club Africain connurent le succès sous son égide. Qu’il repose en paix.

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