Aujourd’hui que ce fringant centenaire qu’est le Club Africain est composé de sections football, handball, basket, volley – ressuscité depuis peu – et natation, l’évocation des sections disparues peut surprendre les moins au fait de l’histoire du CA, ou les générations n’ayant connu le Club qu’après la “spécialisation” (terme qui servit de prétexte à l’abandon de nombre de disciplines qui ne sollicitaient pas le dixième du budget). Mais au cours de ses 104 années d’existence, le Club aura vu ses couleurs défendues dans une vingtaine de disciplines, et pas exclusivement dans un cadre compétitif.
Car ce sont en effet les sections théâtrales, de poésie et de musique qui, sont les premières créées une fois le visa d’activité accordé aux fondateurs du Club Africain. Ceux-ci, issus de la Khaldounia et de Sadikia, ont fait leur la devise “un esprit sain dans un corps sain”. Ils ne peuvent concevoir le développement physique sans qu’il ne soit accompagné de son pendant intellectuel.
Et comme le CA est pour eux un outil d’émancipation de la population dans son combat contre la colonisation, les activités culturelles font partie de l’arsenal indispensable de cette lutte. La fondation de la Rachidia par ces mêmes pionniers (Ahmed Dhahak, Abdelaziz Karabaka, Jamaleddine Bousnina, Belhassen Ben Chedly, Abdelaziz Agrebi et Ahmed Kheïreddine) réduira progressivement les activités en question, mais elles perdureront jusqu’aux début des années soixante, la troupe musicale accompagnant volontiers le public au palais de la foire.
Ces mêmes années soixante voient le Club devenir une véritable fourmilière. Ce sont plus d’un millier de licenciés “rouge et blanc” qui y pratiquent l’escrime, les échecs, la lutte, la boxe, la gymnastique, l’athlétisme, le tennis (même si le CA ne participe pas aux championnats), l’haltérophilie, ou le judo. Ce chiffre augmentera jusqu’à près de trois mille sportifs dans les rangs du Club Africain au tournant des années 80.
Si les noms sont trop nombreux pour être mentionnés ici sans que nul ne se sentent lésé, contentons-nous de nous souvenir de Bechir Jelassi, boxeur sacré sportif de l’année 1974, du grand maître international d’échecs Slim Bouaziz ou de Beya Bouabdallah et Lilia Ben Attia, figures de proue et championnes répétées de Tunisie d’athlétisme.
Trois dernières sections “disparues” méritent d’être évoquées : le cyclisme, tant le Club Africain y fut actif, organisant critériums et grand prix et fournissant le cadre propice aux succès des premiers champions tunisiens de la discipline, Ali “du Bardo” ou Jilani Ben Othman ; le baseball, première section sportive à faire suite au football, dont le membre fondateur Jameleddine Bousnina fut la cheville ouvrière ; et enfin le Rugby, porté à ses débuts par Omrane Ben Moussa (sur le terrain) et le Dr. Fayçal Cherichi (qui le premier prit en main la section) dont l’existence de 1975 à 1988 permit de garnir l’armoire à trophée de 7 titres de champion et de 3 coupes.