Volleyball – Palmarès mythique et chronologie intermittente

Le Club Africain adopta le volley-ball avant même que les règles de ce sport n’en soient fixées. Dès 1943, en pleine guerre mondiale ayant ravagé la Tunisie et laissé exsangues ses associations sportives (lorsqu’elles ne disparaissent pas purement et simplement), le CA concrétise son attrait pour la discipline en ouvrant une section “volley” en son sein.

Ce sport encore balbutiant dans le pays est à peine devenu collectif : jusqu’à la guerre, il se dispute en un contre un, à 21 points et sans réel championnat organisé. Mais les dirigeants et athlètes clubistes en ont perçu les possibilités : celle de pouvoir accueillir et protéger certains des sportifs demeurés sans club ou visés par le régime fasciste (fidèle à son habitude, le Club Africain s’oppose aux diktats du pouvoir), celle d’offrir une alternative aux sportives (il y a déjà vingt ans que les jeunes filles peuvent pratiquer l’athlétisme au sein du CA) et, modèle déjà éprouvé, la possibilité de faire pratiquer plusieurs disciplines et donc de varier l’entraînement de ses sportifs.

C’est Hedi Saheb Ettabaâ, figure emblématique du Club qui sera champion de Tunisie de sprint avant de l’être en football, qui encourage ses coéquipiers footballeurs à adhérer à la pratique pour améliorer leur condition (déjà appliquée en base-ball et en athlétisme, l’idée se répètera par la suite en basketball et en natation). Las, en cette période troublée et faute d’un réel championnat organisé et structuré, la section va vite s’assoupir, se contentant de tournois amicaux et de formations improvisées.

L’équipe de volleyball en 1991, sur le point de partir remporter son premier titre africain

1959, l’année du premier sacre

Réveillée quelques années plus tard à l’indépendance du pays, la section accompagne la naissance de la FTVB, avec notamment des féminines championnes en 1959. Emmenée par les sœurs Hentati et Samia Zaouche, ces demoiselles effleurent le doublé, mais s’inclinent en cinq sets à la Pépinière face à une équipe formée spécialement pour l’occasion et leur barrer la route, la Jeunesse Olympique.

La dispersion des volleyeurs et des volleyeuses (essentiellement élèves ou étudiants), les carences organisationnelles d’une compétition qui peine à terminer ses épreuves (les forfaits généraux sont légion) et le déséquilibre de la compétition atténuent l’intérêt pour cette discipline, tandis que les succès éclatants des sections handball et football détournent l’attention de la section qui végète avant une mise en sommeil “officielle” de quatre ans au début des années 70.

Maintenue en vie par les féminines, qui ont le mérite de se hisser à quatre reprises en cinq ans en finale de la Coupe face à un intouchable AS Marsa (de 1974 à 1978), sa renaissance chez les messieurs a lieu en 1975-76, lorsque le Comité Directeur du Club Africain annonce qu’après la création d’une section de rugby, il va réinscrire une équipe masculine de volleyball au plus modeste échelon de la FTVB. Le CA ne le sait pas encore, mais il vient de s’offrir un superbe cadeau d’anniversaire qui va lui valoir en un quart de siècle une trentaine de titres nationaux et une douzaine de consécrations internationales, l’emmenant de la division 3 aux championnats du monde des clubs au Brésil.

Derby CA-EST

1980-1994, l’âge d’or

La popularité du Club est telle que le nombre d’équipes participant à ladite division 3 triple lors de son retour, obligeant la fédération à décaler le début de sa saison et à scinder la D3 en deux groupes. Reprenant la pratique en vogue de recrutement et profitant de l’attrait de l’université de Tunis, le CA constitue son équipe avec une ossature venue de l’UST Sfax et confiée à Ahmed Sellami. Le résultat est immédiat et après deux saisons à remporter toutes leurs rencontres (ils ne concèderont qu’un set lors du championnat 1976-77), les coéquipiers de Abderrazak Miladi et Mohamed Kerkenni renouent avec l’élite en 1977, pour terminer sur le podium (et en finale de la Coupe) dès la première saison du Club au plus haut niveau.

Sellami appelé à la tête de la sélection, ses élèves prennent sa relève dans le cadre technique et continuent à attirer les éléments de l’USTS pour encadrer les fruits de la formation des jeunes. Ce sont désormais les frères Boussarsar (Ali, Rachid et Hédi) qui mènent l’équipe vers les sommets, tandis qu’en féminines, la venue de Jawa Ben Zaâra et la direction de l’équipe par Abdelhamid Gader vont catalyser un ensemble formidablement homogène. Les années 80 vont être celles de la consécration chez les messieurs, celle de l’hégémonie chez les dames.

De 1979-80 à 1993-94, il ne se passera pas une saison sans que la section ne remporte au moins un titre entre garçons et filles. Aux féminines qui remportent leur premier titre de champion en 1980 (elles en remporteront huit de rang) succèdent les volleyeurs qui remportent le leur en 1981. Un nouveau palier est franchi lors de la saison 1982-83, qui voit la section réussir un “double doublé”, glanant Coupe et championnat chez les messieurs comme chez les dames. Cet exploit sera réédité en 1990 avant d’être amélioré en 1991, les coéquipiers de Fayçal Ben Amara y ajoutant le titre de champion d’Afrique.

Ils marchent ce faisant dans les pas des sœurs Fridhi, Bouberna et de leurs coéquipières, lesquelles ont fait figure d’ogresses continentales. Qu’on en juge : après que le Club Africain se soit vu attribuer l’organisation du tout premier championnat d’Afrique féminin des clubs en mars 1986, ses volleyeuses vont écraser la compétition lors de ses quatre premières éditions jusqu’en mars 1989. Elles s’imposeront à domicile, en Egypte et en Algérie. Seul Al Ahly du Caire parviendra à leur prendre un set (elles ne le concèderont qu’à la troisième année de compétition), et elles ne mettront plus d’une heure à remporter leurs rencontres que lors des finales.

Premier titre africain

Seront des quatre titres consécutifs : Azza et Besma Fridhi, Jawa Ben Zaâra, Sonia Ben Zineb, Jalila et Raja Bouberna, Samia Ben Amara et Hajer Ouanna (sans compter le public qui excédera de loin la place disponible au Palais de la Foire lorsque le tournoi se tiendra à Tunis). Le laisser-aller de la confédération africaine les empêchera de perpétuer le mythe faute de continuité dans la compétition.

Les dames ayant réalisé le triplé en 1987, les messieurs en ayant fait de même en 1991, un dernier record va encore être établi avant que la mise en coupe réglée du sport tunisien par un ancien volleyeur n’entrave la bonne marche de la section de volleyball du Club Africain. En à peine quatre mois, au cours d’une saison 1991-92 décidément à marquer d’une pierre blanche, Hédi et Rachid Bousarsar, Rached Ben Krid, Fayçal Ben Amara, Riadh Hedhili, Chemseddine Souayah, Anis Fazaâ, Msaddek Lahmar et Lotfi M’douki vont être champions arabes (sans concéder le moindre set), champions d’Afrique pour la deuxième fois de suite au Nigeria, avant que la formation de Ali Bousarsar ne finisse par un doublé coupe-championnat.

2017, le redémarrage

Après cet exceptionnel quadruplé, le Club Africain va subir une claire iniquité de la part de la tutelle (suspensions, désignations, refus de reports…), qui va lui barrer l’accès aux titres nationaux. Empêchée localement, l’équipe montre que son talent demeure intact sur le continent, en ajoutant un inédit doublé Coupe d’Afrique des coupes / Coupe d’Afrique des champions sous la houlette de Fathi M’kaouer en 1993, avant de remporter un autre titre arabe des champions au début de l’année 1994. Son ultime fait d’arme sera de damer le pion à son rival éternel pour un septième titre de champion de Tunisie en mai de cette même année, avec Rachid Bousarsar dans un rôle d’entraîneur-joueur, cependant que les dames remportent deux derniers titres de championnes en ces mêmes saisons.

Bien que le budget de la section soit minime au sein du Club et plus encore par apport à son prestige, les coupes budgétaires et le marasme financier – conjugués à des conceptions de l’association sportive bien moins sociales qu’auparavant par les dirigeants clubistes d’alors – vont achever de la torpiller, une nouvelle fois. La “spécialisation” voulue en 1996 va d’abord éloigner toutes les athlètes féminines du CA, avant qu’en septembre 2001, de façon aussi brutale qu’improvisée, la dissolution de la section soit prononcée sans aucune rationalité.

Depuis, vivant dans le souvenir des supporters, les initiatives et appels à son retour seront légion, mais ne verront le jour qu’en partie puisque seule l’équipe féminine redémarrera en 2017. Ses débuts ont été encourageants, il ne lui reste plus qu’à renouer avec les consécrations… et à être rejointe par la formation masculine.

Aujourd’hui, la section compte 117 licenciés (60 hommes et 57 femmes).

Palmarès

Hommes

  • 7 Championnats de Tunisie (1981, 1983, 1989, 1990, 1991, 1992, 1994)
  • 5 Coupes de Tunisie (1983, 1984, 1990, 1991, 1992)
  • 3 Championnats d’Afrique des Clubs Champions (1991, 1992, 1993)
  • 1 Coupe d’Afrique des Vainqueurs de Coupes (1992)
  • 2 Championnats arabes des Clubs Champions (1992, 1994)
  • Finaliste de la Coupe d’Afrique des Vainqueurs de Coupes en 1991
  • Finaliste du Championnat arabe des Clubs Champions en 1995
  • Finaliste de la Coupe de Tunisie en 1978 et 1982

Féminines

  • 13 Championnats de Tunisie (1959, 1980, 1981, 1982, 1983, 1984, 1985, 1986, 1987, 1990, 1991, 1993, 1994)
  • 9 Coupes de Tunisie (1959, 1983, 1984, 1985, 1987, 1988, 1989, 1990, 1991)
  • 4 Championnats d’Afrique des Clubs Champions (1986, 1987, 1988, 1989)
  • 1 Coupe d’Afrique des Vainqueurs de Coupes (1992)
  • Finaliste de la Coupe de Tunisie en 1960, 1976, 1977, 1978, 1981, 1982, 1993, 1995, 1996 et 2022

No Results Found

The posts you requested could not be found. Try changing your module settings or create some new posts.

Partager ce contenu